La sexualité selon les sciences biologiques

I- des organismes organisés pour l’acte reproducteur

Fiche 1 – L’union sexuelle d’un homme et d’une femme

   Chez les mammifères, la reproduction sexuée est assurée par une fécondation interne, c’est-à-dire que la fécondation a lieu dans les voies génitales de la femelle. L’acte sexuel peut être associé chez l’homme et la femme à une sensation de plaisir

Comment s’effectue le rapprochement des gamètes mâles et femelle ?

Doc 1 – Le voyage des spermatozoïdes dans les voies génitales de la femme

Source : www.agence-biomedecine.fr

Doc 2 – Le comportement sexuel masculin et féminin lors de l’acte reproducteur

Masters et Johnson ont proposé un modèle largement accepté des réponses sexuelles chez les hommes et chez les femmes.
Ce modèle, dit « EPOR », décrit :
– Une période initiale ou phase d’excitation (E), pendant laquelle les stimuli psychogéniques et/ou somatiques éveillent le désir sexuel
– La phase de plateau (P) pendant laquelle ce désir s’intensifie
– La phase orgasmique (O) qui est atteinte si le niveau de stimulation reste adéquat et qui aboutit à quelques secondes de climax involontaire et de plaisir intense.
– Une phase de résolution (R), durant laquelle l’excitation sexuelle se dissipe. Chez l’homme, une période réfractaire absolue s’installe après l’orgasme, au cours de laquelle toute réexcitation et tout nouvel orgasme sont impossibles à évoquer. Sa durée dépend de l’âge (brève chez le jeune garçon) et aussi d’une série de facteurs de situation (contexte).Les femmes ne présentent généralement pas de période réfractaire absolue, de sorte qu’elles peuvent ressentir plusieurs orgasmes au cours d’un seul coït.

Reproduction, Johnson et Everitt, 2002

Pistes d’exploitation

1- Lors d’un rapport sexuel, les gamètes peuvent se rencontrer dans certaines conditions, pouvez vous les rappeler.
2- Montrez qu’il existe plusieurs phases dans une union sexuelle.
3- Donner une différence physiologique du comportement sexuel chez l’homme et chez la femme.

De la relation sexuelle à la fécondation

Chez les mammifères, la reproduction sexuée est assurée par une fécondation interne, c’est-à-dire que la fécondation a lieu dans les voies génitales de la femelle. Elle nécessite donc un accouplement des individus mâle et femelle. Ainsi, l’acte sexuel permet la reproduction.
Les organisations des appareils génitaux de l’homme et de la femme sont parfaitement complémentaires. Lors d’un rapport sexuel, le pénis de l’homme peut pénétrer dans le vagin de la femme (coït) et y déposer ainsi des centaines de millions de spermatozoïdes lors de l’éjaculation.
La plupart de ces spermatozoïdes ne se rendront pas jusqu’à l’ovocyte qui se trouve à seulement une douzaine de centimètres d’eux. Tout d’abord, des millions s’écoulent du vagin presque tout de suite après y avoir été déposés. Ensuite, des millions sont détruits par l’environnement acide du vagin. D’autres millions ne parviennent pas à franchir le col utérin lorsque la glaire cervicale est trop épaisse en début de phase folliculaire ou en phase lutéale. Au contraire, lorsque la glaire cervicale est favorable en période ovulatoire, elle assure la nutrition et le transport des spermatozoïdes à travers le col de l’utérus. Seulement quelques milliers atteindront finalement les trompes utérines où l’ovocyte est en train de cheminer vers l’utérus.

Après toutes ces difficultés, les spermatozoïdes ont encore un obstacle à surmonter. En effet, lorsqu’ils sont déposés dans le vagin, ils sont incapables de pénétrer un ovocyte. A mesure qu’ils nagent à travers la glaire cervicale, puis dans l’utérus et les trompes de Fallope, ils subissent des ultimes transformations qui leur donneront leur pleine capacité fécondante (capacitation). Finalement, un seul spermatozoïde pourra féconder l’ovocyte. La fécondation marque le début du cycle vital d’un nouvel être humain.
Pour que la fécondation soit possible, le spermatozoïde doit atteindre l’ovocyte lorsqu’il est libéré dans les trompes utérines. Cet ovocyte est viable pendant les 12 à 48 h qui suivent son expulsion de l’ovaire. Au-delà de cette période, la probabilité d’une grossesse est presque nulle. La plupart des spermatozoïdes conservent leur pouvoir de fécondation pendant à 24 à 48 h après l’éjaculation. Donc pour que la fécondation soit possible, l’union sexuelle doit avoir lieu au plus tôt 3 jours avant l’ovulation et dans les 48 h après.

Ainsi, pour favoriser une grossesse, la femme doit repérer le moment probable de son ovulation et favoriser une union dans cette période. Ceci est possible grâce à une connaissance précise de sa physiologie et à un repérage de ses signes extérieurs. (voir fiche : Des signes extérieurs du cycle féminin aux régulations naturelles de la fertilité)

L’union d’un homme et d’une femme est caractérisée par des attitudes et des réponses aux sollicitations du conjoint, typiques de chaque sexe. Dans les deux cas, on peut identifier une phase préparatoire où le désir croît et s’intensifie, une phase paroxysmique, appelée orgasme, où le plaisir atteint un maximum et enfin une phase de relaxation. Chez l’homme, cette dernière est marquée par une période réfractaire absolue où il est incapable d’obtenir un autre orgasme. Cette période de latence n’existe pas chez la femme, de sorte qu’elle peut ressentir plusieurs orgasmes successivement.

Bilan

La connaissance mutuelle de la biologie de l’homme et de la femme permet de comprendre son corps et ses réactions physiologiques ainsi que ceux de son conjoint. Il est fondamental de rappeler que, chez les humains, l’acte sexuel exprime une réalité biologique qui permet la reproduction si les conditions de fécondité sont présentes mais, en plus, à la différence des autres espèces animales, il revêt une signification particulière, comme un langage de l’amour entre un homme et une femme avec la possibilité pour les deux membres du couples de ressentir du plaisir (fiche signification de la sexualité).

II- une physiologie adaptée à l’acte reproducteur (incluant la révision des régulations hormonales chez l’homme et la femme)

Fiche 2 – L’influence des hormones dans le comportement sexuel

Les stimuli capables de susciter un comportement sexuel nous parviennent constamment alors que les interactions ne se produisent que de façon sporadique. Comment se détermine le passage du stimulus à l’activité sexuelle ? Les hormones jouent un rôle important qui s’est vu diminué mais toujours présent chez les primates et chez l’homme. De nombreux aspects du mode d’action des hormones restent encore à élucider, mais il est capital de souligner que les hormones modifient l’expression du comportement sexuel en agissant à la fois sur le cerveau et sur les organes génitaux.

> Quel est le rôle des hormones dans le comportement sexuel chez les Mammifères non humains et chez les hommes?

1.Comportement sexuel des mammifères non primates

Doc 1 – Elements moteurs du comportement sexuel des caprins
(d’après Hart et Jones 1975)

L’activité des mâles est indiquée en caractères droits, celle des femelles en italique.

Source : Fabre-Nys C., 2000. La régulation du comportement sexuel des caprins : contrôle hormonal et facteurs sociaux.
INRA Prod. Anim., 2000, 13 (1), 11-23. Avec autorisation de l’auteur et de l’INRA

Doc 2 – Effet de la castration sur le comportement sexuel du bouc
(d’après Hart et Jones 1975)

Semaines après la Castration

Source : Fabre-Nys C., 2000. La régulation du comportement sexuel des caprins : contrôle hormonal et facteurs sociaux.
INRA Prod. Anim., 2000, 13 (1), 11-23. Avec autorisation de l’auteur et de l’INRA

Doc 3 – Représentation schématique des différents éléments physiologiques se produisant pendant le cycle sexuel chez la femelle

L’œstrus  (ou chaleurs) correspond à la période de l’ovulation où la femelle accepte le chevauchement par le mâle. Chez la chèvre, l’activité de reproduction dure de septembre à février. En dehors de cette période, les concentrations d’hormones ovariennes et hypophysaires sont basses.

Source : ©2010 Centre de Ressources et de Documentation Caprine http://www.crdc.fr/pdf_legide/cyclereproduction.pdf.

Doc 4 – Variations des concentrations plasmatiques de LH après exposition de chèvre en anoestrus à la toison de bouc
(d’après Claus et al 1990)

Source : Fabre-Nys C., 2000. La régulation du comportement sexuel des caprins : contrôle hormonal et facteurs sociaux.
INRA Prod. Anim., 2000, 13 (1), 11-23. Avec autorisation de l’auteur et de l’INRA

Pistes d’exploitation

  1. Présentez la succession du comportement sexuel chez la chèvre et chez le bouc (Doc 1).
  2. En utilisant le (Doc 2), montrez que la castration d’un bouc entraine une modification de son comportement sexuel.
  3. En analysant le (Doc 3), montrez que le cycle œstrien de la femelle est contrôlé par les hormones ovariennes et hypophysaires.
  4. A l’aide du (Doc 4), montrez comment  l’exposition au mâle peut provoquer une modification du cycle œstrien chez la chèvre.
  5. En conclusion, présentez les principaux facteurs qui influencent le comportement sexuel de la chèvre et du bouc.

2.Comportement sexuel des mammifères primates

Doc 5 – Interactions sexuelles, mesurées en terme du nombre de montes par le mâle, dans des paires de singe rhésus au cours du cycle menstruel.

 

Doc 6 – Comportement sexuel des mâles et femelles primates non humains
(D’après Reproduction, Johnson & Everitt, 2002)

Chez le singe, la castration entraîne une réduction de l’activité sexuelle, mais seulement au bout de plusieurs mois. Un traitement par la testostérone restaure efficacement une activité sexuelle normale. Mais les singes manifesteront une énorme variabilité des réponses à la castration. Ainsi par exemple, un singe ayant eu auparavant des interactions sexuelles séparées avec deux femelles, continuera à copuler d’une façon quasi inchangée avec l’une des deux femelles après sa castration, mais perdra tout intérêt pour l’autre. Il est clair que si la testostérone joue bien un rôle important dans l’activité sexuelle, sa présence n’est pas absolument obligatoire.

Chez les mammifères femelles primates, l’ovariectomie est suivie par une réduction importante des activités sexuelles qui peuvent être restaurées par l’administration d’œstradiol. Toutefois, on constate que c’est principalement le comportement sexuel du mâle qui décline après l’ovariectomie et se rétablit après le traitement de la femelle par de l’œstradiol. C’est au niveau du vagin qu’agissent les œstrogènes en modifiant l’odeur des sécrétions vaginales. Inversement, la progestérone peut réduire la capacité d’attirance sexuelle des femelles en réduisant les propriétés des sécrétions vaginales.

Pistes d’exploitation

  1. Analysez la manière dont évoluent les interactions sexuelles au cours d’un cycle menstruel chez le singe Rhésus (Doc 5).
  2. Chez le singe, comment évolue le comportement sexuel après une castration ? La présence de testostérone est-elle indispensable pour l’activité sexuelle ? (Doc 6)
  3. En utilisant le Doc 6, émettez une hypothèse sur le rôle des œstrogènes chez les singes femelles rhésus.

3.Comportement sexuel des humains

Doc 7 – Effets d’un traitement testostéronique chez un homme de 40 ans, castré un an auparavant à la suite de tumeurs testiculaires.

L’activité sexuelle, l’éjaculation, les fantasmes sexuels déclinent tous après 3 semaines d’arrêt de la thérapeutique. Il n’y a pas de réaction à un placebo, mais une réponse rapide survient après une ou deux semaines de restauration du traitement à la testostérone.

Des traitements par la testostérone ont été utilisés avec succès pour pallier le déficit de motivation ou d’activité sexuelle d’hommes présentant des déficiences testiculaires. Par contraste, le traitement d’hommes intacts ne stimule généralement pas leur activité sexuelle. La testostérone n’est pas un aphrodisiaque !

Doc 8 – Fréquence des rapports sexuels dans un groupe de femmes au cours d’un cycle menstruel normal.  

X=répit lutéal

Il existe un consensus selon  lequel la fréquence des rapports sexuels varie d’une façon prévisible au cours du cycle menstruel. Toutefois, il est généralement observé que l’ovariectomie ne réduit pas systématiquement le désir sexuel chez les femmes, bien qu’une thérapie ostrogénique puisse s’avérer nécessaire pour lubrifier le vagin et ainsi maintenir une activité sexuelle.

Doc 9 – Effets de la testostérone implantée dans le SNC sur le comportement sexuel du rat mâle castré 

La testostérone placée au niveau de l’aire préoptique et l’hypothalamus antérieur entraîne des fréquences éjaculatoires élevées, comparables à celles consécutives à un traitement systémique par cette hormone. La testostérone implantée dans l’hypothalamus postérieur ou dans d’autres zones cérébrales n’a pas d’effet significatif. Un contrôle important est fourni par le fait que le cholestérol inséré à quelque endroit que ce soit n’exerce aucun effet sur le comportement sexuel, plaidant ainsi en faveur d’un certain degré de spécificité hormonale.

Pistes d’exploitation

  1. Comment évolue la fréquence des rapports sexuels chez un homme castré par traitement à la testostérone ? (Doc 7)
  2. Analysez l’évolution de la fréquence des rapports sexuels dans un groupe de femmes sans contraceptifs oraux. (Doc 8)
  3. Concluez sur l’influence des hormones dans le comportement sexuel des humains.
  4. Quelle est la zone du système nerveux central la plus sensible à la testostérone ?
  5. En conclusion, montrez que les hormones gonadiques agissent à deux niveaux différents.

Bilan

1- Influence des hormones chez les mammifères non primates
Le comportement sexuel des mammifères non primates présente une succession d’actions stéréotypées chez les mâles et les femelles.
Un des principaux facteurs de variation du comportement sexuel des mammifères non primates est le taux d’hormones gonadiques: testostérone chez les mâles, œstrogènes et progestérone chez les femelles.
D’autres paramètres entrent aussi en compte de manière plus ou moins importante selon les espèces: environnement (saisonnalité, nutrition), facteurs sociaux (conduite du troupeau, expérience sexuelle, « effet mâle »).

2- Influence des hormones chez les mammifères primates non humains
Chez les primates, les hormones jouent bien un rôle important dans l’activité sexuelle, mais leur présence n’est pas absolument obligatoire. On constate que dans une paire d’individus hétérosexuels, le comportement sexuel présente une cyclicité en fonction du cycle menstruel de la femelle.

3- Influence des hormones chez les humains
Chez les humains, il existe un consensus selon lequel la fréquence des rapports sexuels varie d’une façon prévisible au cours du cycle menstruel. De nombreuses études ont rapporté un pic de fréquence de ces épisodes en phase ovulatoire, un déclin en phase lutéale et une recrudescence en phase prémenstruelle : certains impliquent les phéromones produites en fonction des moments du cycle sous contrôle hormonal.
Chez l’homme, des traitements par la testostérone ont été utilisés avec succès pour pallier le déficit de motivation et d’activité sexuelle chez des individus présentant des taux abaissés de testostérone. Par contraste, le traitement d’hommes intacts ne stimule généralement pas leur activité sexuelle.
On peut ainsi dire que les hormones ovariennes et testiculaires influencent bien le comportement sexuel des primates, mais exercent leur contrôle d’une manière moins drastique que chez les autres mammifères. En particulier, chez l’homme, ce contrôle peut être modulé profondément en fonction d’autres facteurs : sociaux, environnementaux, psychologiques. Nous montrerons par la suite comment ces facteurs agissent via le système nerveux central. (fiche système de récompense)

4- Mode d’action des hormones stéroïdes
Le système nerveux central et en particulier la zone de l’hypothalamus interviennent de manière capitale dans la capacité d’avoir une relation sexuelle. Les hormones gonadiques agissent donc sur le comportement sexuel au niveau des organes génitaux, mais aussi du cerveau qui possèdent en fonction de ses aires des récepteurs aux hormones sexuelles.).

III- un acte à l’origine d’une sensation de plaisir chez les mammifères supérieurs faisant intervenir le système de récompense

Fiche 3 – Bases biologiques du plaisir : le système de récompense

L’activité sexuelle humaine est associée à une sensation de plaisir. Des neurobiologistes ont découvert que ressentir du plaisir pendant l’acte sexuel mais également dans d’autres activités humaines reposait en partie sur des phénomènes biologiques par l’activation dans le cerveau des « systèmes de récompense ». Le système de récompenses est indispensable à la survie car il fournit la motivation nécessaire à la réalisation d’actions ou de comportements adaptés permettant de préserver l’individu et l’espèce (recherche de nourriture, reproduction, évitement des dangers…).

> Qu’est-ce que le système de récompense et dans quelles activités humaines est-il impliqué ? Quels phénomènes biologiques sont mis en œuvre ? Quelles pathologies sont associées aux systèmes de récompense ?

Doc 1 – Expériences princeps

Démonstration de l’existence d’un système de récompense chez le rat : Expérience d’auto-stimulation (Olds & Milner, J Comp Physiol Psychol.1954 Dec;47(6):419-27. Positive reinforcement produced by electrical stimulation of septal area and other regions of rat brain) :

Expérience de James Olds et Peter Milner – 1954

  • Milner est un chercheur réputé pour ses études d’exploration des fonctions cérébrales. Sa principale méthode consistait à implanter des électrodes directement dans le cerveau de rats, d’y envoyer des décharges de diverses intensités et d’en voir les effets.
  • La recherche de James Olds, étudiant en thèse, consistait quant à elle à stimuler un centre supposé de la vigilance, situé en arrière de l’hypothalamus, afin de vérifier si l’on pouvait amener les rats à éviter certains coins de leur cage en les stimulant.

Figure : l’hypothalamus

Cette image est issue du site http://lifesciencedb.jp/?lng=en

Vous trouverez cette même image en version 3D sur ce lien http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/05/Hypothalamus.gif

  • L’expérience se déroulait à merveille : l’ensemble des rats stimulés avaient tendance à éviter les endroits « trop stimulants ». Tous, sauf un ! Contrairement aux autres, Jack, le rat « réfractaire » ainsi nommé, revenait systématiquement vers les endroits où les chocs électriques étaient administrés. Mieux que çà : plus l’intensité des chocs électriques était intense, plus Jack se dirigeait vers les zones où ils étaient administrés.
  • Face à ce comportement « masochiste », Olds entreprit de disséquer l’animal. Il découvrit alors qu’il y avait eu une erreur : l’électrode n’avait pas été implantée dans l’hypothalamus, mais dans une zone très proche, le septum.

Figure : Le septum (en jaune) et l’hypothalamus (rouge)

Cette image est issue du site http://lifesciencedb.jp/?lng=en

 

 

 

Fort de cette découverte, il entreprit de généraliser l’expérience et implanta une électrode dans l’aire septale de nombreux rats. Voir le protocole de l’expérience et les résultats.

Pistes d’exploitation

  1. Interpréter l’expérience proposée
  2. En déduire une hypothèse sur l’origine biologique du plaisir
  3. Localiser le septum et l’hypothalamus sur un site d’imagerie

http://www.med.harvard.edu/AANLIB/cases/caseNA/pb9.htm
(choisir « CSF/Vascular », puis « septum pellucidum »)

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:BodyPlanes_fr.jpg

Bilan

L’analyse de ces expériences d’autostimulation chez le rat permet de proposer une hypothèse sur l’origine biologique du plaisir.
→ Les rats préfèrent s’administrer ces décharges plutôt que d’assurer leurs besoins vitaux : se nourrir, dormir, se reproduire… Et ce, jusqu’à en mourir ! Les rats sont tombés dans un processus d’addiction (cf Doc 4)
→ La décharge apporterait davantage de satisfaction que tout le reste.
Le septum joue donc un rôle dans la perception du plaisir, en particulier sexuel. Les rats s’autoadministraient du plaisir en autostimulant leur région septale.

Doc 2 – Le rat robot

Expérience
Des chercheurs américains ont placé trois électrodes dans le cerveau de rats, électrodes reliées à un microprocesseur placé sur le dos des rats comme un sac à dos.
Référence : Talwar et al. 2002 – Xu et al., 2004 ; Journal of Neuroscience Methods
Site : http://www.wireheading.com/roborats/ratbots.html
Vidéo : http://www.wireheading.com/roborats/roborat.mp4

Principe
Deux électrodes envoient des signaux électriques aux zones du cerveau en relation avec les moustaches, l’une pour le côté gauche, l’autre pour le côté droit.
Une troisième électrode envoie des signaux électriques dans une zone distincte du cerveau : le septum.

Protocole
Un membre de l’équipe scientifique, à l’aide d’un ordinateur portable, stimule alors à distance le microprocesseur : il envoie ainsi un signal électrique au niveau de l’électrode de la moustache gauche par exemple. Le rat a alors la sensation d’être entré en contact avec un obstacle du côté gauche.
Si le rat répond en tournant dans le sens souhaité, le contrôleur envoie alors une brève impulsion électrique au septum.
Et ainsi de suite. Le rat est alors entièrement téléguidé. répond bien en tournant dans le sens de l’impulsion reçu sur sa moustache, il reçoit une impulsion dans le septum : un « des centres du plaisir ».

 

Pistes d’exploitation

  1. Expliquez le principe de cette expérience
  2. Comment le rat interprète les stimulations de son septum
  3. Pourquoi dit-on que le rat est téléguidé ?
  4. Quelles sont les limites de cette expérience ?

Bilan

Ce rat robot pourrait être utilisé dans la recherche de survivants suite à un tremblement de terre par exemple pour aller là où des hommes ou des robots ne peuvent aller. Néanmoins on peut débattre de ce que cette expérience implique en terme éthique ? Que-ce passerait-il si une telle expérimentation était réalisée chez l’homme ? Le système cérébral beaucoup plus développé de l’homme limiterait vraisemblablement la réussite d’une telle expérience : mais on peut se demander si certaine addiction provoquée n’entraîne pas un comportement proche de celui développé ici chez le rat (cf activité 4)

Pour aller plus loin : http://www.nature.com/news/2002/020429/full/news020429-9.html

Doc 3 – La cartographie des centres du plaisir et du système de récompense

Comme nous venons de le voir l’évolution a donc mis en place dans notre cerveau des régions dont le rôle est de « récompenser  » l’exécution de certaines fonctions vitales par une sensation agréable. Analysons les informations recuillis sur le site internet suivant : http://lecerveau.mcgill.ca

Pour mieux comprendre le système de récompense

L’aire tegmentale ventrale (ATV), un groupe de neurones situés en plein centre du cerveau, est particulièrement importante dans ce circuit. Elle reçoit de l’information de plusieurs autres régions dont plus particulièrement le cortex cérébral qui l’informe du niveau de satisfaction des besoins fondamentaux ou plus spécifiquement humains.
L’aire tegmentale ventrale transmet ensuite cette information à une autre structure cérébrale située plus en avant : le noyau accumbens.
NB : Cette région est une des plus primitives du cerveau située au sommet du tronc cérébral. Son interaction avec les autres aires cérébrales lui donnent alors sa place en tant que moteur à relativisé de nos pulsions.

À l’arrivée d’un signal annonçant une récompense, donc après traitement sensoriel par le cortex, l’activité de l’aire tegmentale ventrale (ATV), se trouve augmentée. Celle-ci agit alors sur le noyau accumbens mais aussi dans le septum,l’amygdale et le cortex préfrontal.

Le noyau accumbens intervient alors dans l’activation motrice de l’animal et le cortex préfrontal dans la focalisation de l’attention.

Ces régions sont reliées par ce que l’on appelle le faisceau de la récompense ou du plaisir. En terme neuro-anatomique, ce faisceau fait partie du « medial forebrain bundle (MFB) » (Circuit de la récompense) dont l’activation mène à la répétition de l’action gratifiante pour en consolider les traces nerveuses.

*Molécules impliquées

Cette transmission s’effectue grâce à un messager chimique particulier, la dopamine.

C’est lorsque le rat consomme sa récompense qu’immédiatement les neurones libèrent de la dopamine, synonyme de sensation de plaisir.

Pistes d’exploitation

  1. Reconstruire un schéma simplifié des structures impliquées successivement (cortex, ATV, Noyau accubens, amygdale, cortex préfrontal)
  2. Indiquer la molécule impliquée dans ce système de récompense.

Doc 4 – Les conduites addictives et les stimulations excessives du système de récompense

Quand nous parlons d’addictions aux drogues, aux jeux et y compris dans le cas des addictions sexuelles, on évoque  généralement  un trouble majeur du circuit de la « récompense ». Essayons de comprendre :

Addiction : Consommation compulsive d’une drogue associée à une incapacité à limiter les prises et à l’émergence d’un état de manque (dépendance) en cas d’arrêt de la consommation (Kobb, 1998).

Hospitalisés pour addiction aux jeux en ligne (01net., le 23/12/2005)

– Cet automne, deux joueurs français de « World of Warcraft » ont été admis en hôpital psychiatrique. Enfermée dans sa chambre trois semaines durant, l’une de ces victimes a dû être arrachée de son ordinateur pour être hospitalisée d’office. L’autre l’a été à la demande de ses parents, après avoir perdu quinze kilos.
– Début décembre 2005, un homme de 38 ans mourait d’épuisement en Corée après avoir passé dix jours non-stop à jouer en ligne.

Un film à visionner : sur l’action de la dopamine et l’action des drogues http://www.youtube.com/watch?v=7HiugBLryIk&;;feature=related

Pistes d’exploitation

  1. Aller sur le site internet suivant et repérer le lieu d’action de certaines drogues
    http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_03/a_03_cr/a_03_cr_par/a_03_cr_par.html
  1. Expliquer en quoi une hyperstimulation du système de récompense peut entraîner un état de dépendance, nuire à la mise en œuvre de nos comportements motivés normaux

Bilan

Le circuit de la récompense est à la base de nos comportements
–          Comportement alimentaire,
–          Comportement sexuel en vue de la perpétuation de l’espèce
–          Comportement social de relation

Nos comportements sont le fruit de la synthèse de nombreuses informations qui viennent des différentes zones de notre cerveau des plus primitifs aux plus intégrés et complexes. Le système de récompense (dans la zone la plus primitive) est impliqué pour donner une information positive ou négative dans la réalisation d’un comportement qui est ensuite intégrée avec les autres processus cognitifs et psychologiques de l’individu (par le cortex, zone qui a le plus évoluée chez l’homme en comparaison avec les autres espèces animales).

Mais plus important encore que la taille du cerveau, ce sont les différences dans le développement de ses différentes parties qui vont avoir un effet sur le comportement. Si l’on prend par exemple le cervelet impliqué dans la coordination des mouvements musculaires, son poids par rapport au reste du cerveau est remarquablement constant chez tous les mammifères. À l’opposé, celui du néocortex varie grandement selon les espèces. Les poissons et les amphibiens en sont complètement dépourvus, tandis que le néocortex représente 20 % du poids du cerveau d’une musaraigne et… 80 % de celui de l’humain !

C’est durant la transition des primates à l’humain que le néocortex s’est le plus développé. Et de toutes les régions du néocortex, c’est certainement le cortex préfrontal qui a connu la plus forte expansion chez l’humain.

Un cerveau où le nouveau se bâtit sur l’ancien. http://lecerveau.mcgill.ca

S’il existe bien évidemment une part « biologique » dans le désir sexuel humain, les désirs affectifs, émotionnels et cognitifs propres à l’homme confirment l’extraordinaire complexité du comportement humain. Le fait que certaines zones cérébrales faisant partie du système dit de récompense soient activées lors d’une relation sexuelle et participent à la sensation de plaisir éprouvée par les conjoints ne signifie pas que le comportement sexuel humain est entièrement déterminé par la sécrétion de neurotransmetteurs comme la dopamine. Il s’agit d’un phénomène biologique qui ne saurait à lui seul expliquer toute la réalité de l’amour et de la sexualité entre deux personnes.

L’activation de ces structures cérébrales doit donc être vue comme la traduction d’un plaisir favorisant un renouvellement de cet acte nécessaire à la reproduction de l’espèce humaine mais que chaque individu intègrera dans un comportement sexuel raisonnable, responsable et libre. Tout individu qui ne peut plus intégrer ces différents facteurs et possède un système de récompense dérégulée tombera dans une conduite sexuelle addictive.

 

Et le bonheur dans tout cela

Le plaisir ne veut pas dire le bonheur

Le plaisir n’est qu’une partie de ce que l’on nomme le bonheur. Le bonheur serait un état beaucoup plus complexe qui ne se réduit pas à la simple activation des voies dopaminergique dans le circuit de la récompense.
Ainsi, l’absence d’émotion négative serait nécessaire pour se sentir heureux. Car dès que la peur, l’angoisse ou la tristesse nous envahit, le plaisir s’évanouit. Par conséquent, tout ce qui diminue l’activité de l’amygdale, structure cérébrale associée aux émotions négatives, nous rapproche de l’état de bonheur. C’est le cas par exemple des tâches mentales non-émotionnelles, ce qui procure un fondement biologique à l’idée très répandue que se tenir occupé est la base du bonheur.
Mais une troisième composante doit aussi entrer en jeu pour que l’on puisse parler de bonheur. Il s’agit de l’activation de la région ventro-médiane du cortex préfrontal, une région dont l’activité est d’ailleurs réduite chez les dépressifs. C’est de cette région qu’émergerait le sentiment de cohérence du monde nécessaire au bonheur, autrement dit la notion de sens.

 

Webographie

Cette fiche a utilisé un certain nombre de données issues du site

Un logiciel : Pour aller plus loin sur les neuromédiateurs et les neurones impliqués dans le système de récompense :
http://svt.ac-dijon.fr/dyn/article.php3?id_article=270

Un logiciel libre de droit à télécharger pour travailler avec les élèves le système de récompense : très simple et complet : Le logiciel comprend quatre modules qui permettent d’étudier la localisation et l’organisation du système de récompense, son fonctionnement et l’action de la morphine.